Il faut le dire, l’anglais n’est pas le point fort des Français. Nous avons beau être le pays le plus visité dans le monde, les touristes sont souvent accueillis avec un “Bonjour” plutôt qu’un “Hello” parfaitement prononcé. Sommes-nous allergiques à la langue de Shakespeare ? C’est la question que nous nous sommes posés dans cet article.
Les chiffres
Pour mieux comprendre le retard des français en anglais, il faut d’abord regarder où nous nous trouvons par rapport aux autres pays. Ca tombe bien, l’entreprise EF (Education First) a développé un test ouvert à tous, permettant d’obtenir une idée de son niveau d’anglais mais aussi de jeter un œil chez nos voisins pour voir comment eux se débrouillent.
Chaque année, le site publie un rapport dans lequel il classe les pays participants selon leur EPI (English Proficiency Index), ou indice de performance.
L’indice reflète les compétences réceptives en anglais. Ainsi, seules la compréhension orale et la compréhension écrite sont évaluées. Le test n’évalue pas les compétences productives c’est-à-dire l’expression orale et l’expression écrite. Les données sont ensuite analysées pour connaître le niveau d’anglais en fonction de l’âge, du genre, du pays, du domaine professionnel, du poste occupé…
En 2023, 115 pays ont participé au test, et la France a obtenu la 34e place. Pas mal, mais nous sommes quand même derrière bon nombre de nos voisins européens (Pays-Bas, Autriche, Danemark, Belgique, Italie, etc.)
Les raisons
C’est la faute du système scolaire ?
C’est bien connu, le système scolaire manque parfois d’efficacité lorsqu’il s’agit d’enseigner l’anglais aux jeunes français. Si le niveau attendu au baccalauréat est le B2 (intermédiaire avancé), la majorité des étudiants français ne l’atteignent pas. Selon une étude de Cambridge, 48% des étudiants français possèdent un niveau B1.
Ces chiffres sont liés à plusieurs phénomènes, en particulier à la méthode d’apprentissage, qui ne convient pas forcément à tous les profils. Le contexte dans lequel on apprend une nouvelle langue est important, et la salle de classe n’est pas forcément le meilleur endroit. Entre le stress des examens et l’angoisse de passer au tableau, les conditions réunies ne sont pas forcément idéales.
De plus, comme pour les autres matières, il est difficile quand on est jeune de se projeter et de visualiser un objectif concret. Pas évident de retenir le théorème de Pythagore si on est persuadé que l’on ne s’en servira jamais ! Pour l’anglais, c’est un peu la même chose.
Jusqu’à très récemment, la méthode employée dans les établissements scolaires pour enseigner les langues laissait peu ou pas de place à l’expression orale. Un enseignement passif ne permet pas de maîtriser une langue. De plus, en France, on a longtemps considéré l’anglais comme une langue essentiellement littéraire. De fait, les Français ont parfois un bon niveau à l’écrit mais sont en difficulté quand il s’agit de parler anglais.
Non, c’est la faute de la prononciation !
Les sons
La prononciation est l’un des points faibles principaux des français en anglais. On a beau dire que certains parlent anglais “comme des vaches espagnoles”, c’est bien la langue française qui nous freine dans notre appréhension des sons de chez nos voisins d’outre-manche. Le conférencier en linguistique et phonétique Marc Capliez l’a bien remarqué et a décidé d’enfoncer le clou en écrivant sur les erreurs récurrentes de prononciation en anglais.
Ses recherches se concentrent sur les différents sons et intonations qui composent chacun des deux langages. Parmi eux, il aborde les phonèmes. Ce sont des éléments sonores dans la langue parlée. Il explique qu’il y a très peu d’articulations de phonèmes communes aux deux langues. En effet des sons français comme ceux présents dans les mots jEU, sEAU et ÉtÉ n’existent que dans notre langue. De la même manière, des sons comme dans les mots THe, bUt ou bOOk sont spécifiques à l’anglais.
Selon lui, le manque d’éléments communs provoque des “transferts”, c’est à dire qu’on utilise les phonèmes de la langue française lorsqu’on lit un mot en anglais ou simplement lorsque l’on discute, car ces nouveaux éléments nous sont étrangers. Puisqu’on ne sait pas comment prononcer ces sons, on prend un raccourci en se servant simplement de ceux que l’on connaît qui semblent s’en rapprocher le plus !
Malgré ces différences de prononciation, Monsieur Capliez remarque (à juste titre) que tous les êtres humains possèdent les mêmes organes vocaux. Il serait donc faux de dire qu’il existe des sons imprononçables par les locuteurs de telle ou telle langue. Il y aurait donc d’autres raisons expliquant les difficultés qu’ont les français !
De grands timides !
Puisque qu’il n’existe pas de défaillance physique pour expliquer le retard des français, allons faire un tour du côté psychologique.
Dans étude réalisée en 2008, plusieurs étudiants affirment qu’ils n’osent pas utiliser les bons sons par timidité. Ce n’est pas nouveau, ça date des premiers cours à l’école, utiliser un accent anglais dans un environnement français est souvent moqué, tourné en ridicule. Cela n’encourage personne à s’y risquer, accentuant la difficulté que représente la pratique de l’anglais.
Nous connaissons un retard dans la pratique de la langue, car nous avons peur du jugement des autres. On n’ose pas parler et s’exprimer dans une autre langue. Et oui, le Français reste très moqueur !
Euh, c’est la faute des romains ?
Vous le savez peut-être, mais toutes les langues européennes n’ont pas la même origine, ce qui veut dire que certaines possèdent des racines communes, et d’autres non. Le français est une langue latine, tout comme l’italien et l’espagnol, tandis que l’anglais est une langue germanique, comme l’allemand, le suédois ou le danois (ce qui explique pourquoi ils sont aussi forts !). Certains mots des langues latines possèdent une origine logique commune, ce qui est bien pratique lorsque l’on veut apprendre l’espagnol par exemple.
Ainsi, la différence étymologique entre l’anglais et le français n’est pas à notre avantage.
Comment y remédier ?
Le bon prof
Pour apprendre l’anglais de la meilleure des manières, l’essentiel est de se tourner vers le bon professeur. Pour commencer, l’idéal est d’apprendre avec quelqu’un qui est formé à l’enseignement de l’anglais (avoir vécu dans un pays anglophone est un gros plus). Cela peut paraître un peu exagéré, mais il arrive que des professeurs d’anglais qui enseignent au collège ou au lycée apprennent la mauvaise prononciation à leurs élèves (encore une histoire de phonème), leur langue maternelle étant le français.
La pédagogie n’est pas en reste, car pour enseigner l’anglais, il ne suffit pas de le parler. Le bon professeur d’anglais est celui qui vous proposera un programme qui correspond à votre rythme d’apprentissage. Il doit pouvoir s’adapter à votre profil pour vous permettre de progresser de manière efficace.
Les bonnes méthodes
Comme nous l’avons vu plus haut, ce qui pêche souvent lors de l’apprentissage de l’anglais, c’est l’oral. Dans les salles de classe, il n’y a pas forcément l’occasion de s’exprimer et de s’entraîner à parler. En mettant plus en avant cette notion de la langue, vos cours d’anglais vous permettront de vous améliorer en terme de fluidité mais également de gagner en confiance ! Nous parlions des phonèmes un peu plus haut. C’est un élément de la langue anglaise qui ne s’apprend qu’à force d’entraînement à l’oral. Dans le cas de cette notion, parler est aussi important qu’écouter ! En vous exposant à l’anglais le plus régulièrement possible, vous viendrez à bout de cette difficulté. En dehors de vos cours, vous pourriez essayer de regarder des filmes et des séries en VO, ou d’écouter des podcasts par exemple.
La méthode avec laquelle vous apprenez l’anglais doit vous ressembler, et correspondre à vos buts. En prenant en compte vos objectifs, vous augmentez vos chances de réussir car vous savez pourquoi vous apprenez. De plus, cela vous permettra de vous concentrer sur les notions qui vous seront utiles. Vous n’allez pas apprendre de la même manière pour décrocher un job que si vous voulez partir à l’étranger. Il est donc important d’intégrer cette vision dans de votre apprentissage.
Le bon état d’esprit
La timidité étant l’une des raisons principales de l’échec des français en anglais, il est clair que pour atteindre le niveau que vous visez, vous devez apprendre à vous en débarrasser peu à peu.
Il faut garder en tête que parler anglais est la meilleure manière de progresser. Une fois que vous aurez trouvé le prof qu’il vous faut, vous serez en mesure d’échanger avec lui. C’est le premier pas à franchir. Bien sûr le contexte des cours particuliers est idéal car il vous permet de conserver l’intimité nécessaire pour vous entraîner à l’oral sans avoir le stress de vous exprimer devant plusieurs personnes. Il ne faut cependant pas négliger l’impact des conversations en conditions réelles sur votre apprentissage. Plus vous progresserez, plus vous développerez la confiance nécessaire pour vous lancer et parler avec des natifs lors de voyages ou au travail.
Une bonne manière de passer au delà de votre timidité est de garder en tête votre objectif. Si vous êtes concentré sur ce que vous essayez d’atteindre ou sur ce que l’anglais peut vous aider à entreprendre, votre détermination vous permettra de dépasser ce frein.
Même si les français ne sont pas avantagés lorsqu’il s’agit d’apprendre l’anglais, en mettant toutes les chances de votre côté, vous n’aurez aucun mal à réussir. A vous de jouer !